Quels sont les effets sur la santé associés aux émissions atmosphériques du trafic routier ?

Diverses études montrent qu’un grand nombre de polluants[1] sont émis à proximité des infrastructures routières, et proviennent non seulement des émissions à l’échappement des véhicules mais aussi d’autres sources telles que l’usure des pneus et des freins, les technologies de climatisation du véhicule, l’usure des voies routières et l’entretien de leurs abords (usage de produits phytosanitaires…).

A ces polluants dits « primaires » car émis directement par des sources de pollution, s’ajoutent des polluants dits « secondaires », tels que des particules, issus des réactions chimiques entre polluants se produisant dans l’atmosphère[2]. Des polluants comme les particules ultrafines se trouvent en grandes concentrations à proximité des rues et des routes connaissant un fort trafic automobile. Le trafic routier constitue un déterminant majeur des inégalités d’exposition à la pollution atmosphérique.

Si, en 2013, le transport routier a représenté de l’ordre de 16%, de 54% et de 46% des émissions moyennes métropolitaines[3] respectivement de particules fines PM2.5, d’oxydes d’azote (NOx) et de carbone suie[4], ces proportions peuvent être localement plus importantes en particulier à proximité d’axes à fort trafic routier. De plus, il est à noter que ces rejets polluants se produisent généralement à proximité de zones habitées et au niveau du sol, ce qui entraîne un fort potentiel d’exposition de la population aux émissions polluantes du trafic routier.

Selon des études de caractérisation des expositions locales[5], l’exposition aux émissions du trafic automobile serait plus nocive que l’exposition aux émissions des centrales thermiques ou aux masses d’air carbonées secondaires[6]. De plus, il est mis en évidence par des études épidémiologiques, un lien entre la distance par rapport aux grands axes routiers ou les concentrations atmosphériques de polluants spécifiques émis par les véhicules, et différents effets sanitaires[7] :
• un lien avéré avec une exacerbation de l’asthme chez l’enfant ;
• un lien suggéré à avéré dans l’apparition de l’asthme chez l’enfant : habiter à proximité de grands axes de circulation serait responsable d’environ 15 à 30% des nouveaux cas d’asthme de l’enfant selon une étude portant sur 10 villes européennes et une étude menée sur l’agglomération parisienne ;
• un lien suggéré dans la survenue de symptômes respiratoires non asthmatiques, de troubles de la fonction pulmonaire et de pathologies cardiovasculaires (infarctus aigu du myocarde…), ainsi que dans une diminution de la survie des personnes (toutes causes et pour causes cardiovasculaires).

La toxicité de la pollution générée par le trafic routier est notamment due aux gaz et aux particules émis par les véhicules (échappement, usure des pneus et freins…) et, entre autres, aux fortes teneurs des émissions en hydrocarbures aromatiques polycycliques, en composés organiques volatils et en métaux dont les propriétés mutagènes et cancérogènes sont très marquées. Elle est également due au dioxyde d’azote (NO2), substance fortement irritante des voies respiratoires et dont les principaux effets respiratoires décrits chez l’Homme sont des essoufflements, des obstructions bronchiques, des crises d’asthme, ou encore des bronchites.

A noter qu’outre la pollution de l’air générée à l’extérieur des véhicules, il existe une pollution dans l’habitacle des véhicules à laquelle sont exposés le(la) conducteur(trice) et les passagers (voir la réponse à la question « En cas d’épisode de pollution de l’air, est-on également exposé à l’intérieur de son véhicule ? »).

 

 

[1] - Cf. https://www.anses.fr/fr/content/les-infrastructures-routi%C3%A8res
[2] - Cf. Avis « Emissions de particules et de NOx par les véhicules routiers » de l’Agence nationale de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) : http://www.ademe.fr/emissions-particules-nox-vehicules-routiers
[3] - Centre Interprofessionnel Technique d’Etudes de la Pollution Atmosphérique (Citepa) (2015). Rapport national d’inventaire. Inventaire des émissions de polluants atmosphériques et de gaz à effet de serre en France. Séries sectorielles et analyses étendues.
Format SECTEN (SECTteurs Economiques et éNergie) : cf. http://www.citepa.org/fr/activites/inventaires-des-emissions/secten
[4] - Carbone suie (en anglais « black carbone ») : carbone de type graphite généralement contenu dans des suies et défini par sa forte absorption du rayonnement solaire (Source : Article I. Coll « Connaissances sur les enjeux environnementaux et climatiques des particules », Revue Pollution Atmosphérique. Climat, santé, société. N°spécial particules, novembre 2012).
[5] - Cf. Numéro thématique sur l’air du Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire du 8 janvier 2013 : http://www.invs.sante.fr/Publications-et-outils/BEH-Bulletin-epidemiologique-hebdomadaire/Archives/2013/BEH-n-1-2-2013
[6] - C’est-à-dire contenant diverses substances ayant pour base l’élément carbone (monoxyde de carbone, composés organiques volatils…) et issues de réactions chimiques dans l’air (origine dite secondaire).

[7] - CF. http://pubs.healtheffects.org/view.php?id=334, http://www.aphekom.org et http://www.ors-idf.org/index.php/environnement-et-sante/648 

 

 

Source : DGS - Questions/Réponses "Air extérieur et santé" - avril 2016

 

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