Quels sont les risques pour la santé associés aux polluants émis dans l’air par la combustion de biomasse (chauffage résidentiel, incendie de forêt, brûlage de déchets verts à l’air libre…) ?

Dans un rapport publié en 2015[1], l’OMS indique que le chauffage résidentiel au bois ou au charbon constitue une source significative de pollution de l’air aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur des bâtiments (sauf dans le cas d’appareils de chauffage performants en matière de réduction des émissions polluantes)[2].

Dans certaines régions du monde, la combustion de biomasse (bois…) pour le chauffage contribue de façon non négligeable aux émissions globales de particules fines (PM2.5) dans l’air extérieur : de l’ordre de 49% en France en 2013[3], de 13 à 21% dans d’autres pays européens en 2010 et de l’ordre de 10% en Amérique du nord et en Asie centrale. En dehors de la France, la part des émissions du chauffage résidentiel au bois ou autres combustibles solides dans les émissions totales de particules fines (PM2.5) a fortement augmenté entre 1990 et 2005 en Europe et Amérique du nord, du fait notamment du développement de ce type de chauffage et de la réduction des émissions de particules de certaines sources telles que les industries.

 

En France, les émissions de PM2.5 issues du chauffage au bois ont été plus que divisées par 2 entre 1990 et 2013, et leur part dans le total des PM2.5 émises a légèrement diminuée[4]. Dans certains territoires cependant (exemple : Vallée de l’Arve) et à certaines périodes de l’année (hiver), les émissions issues de la combustion de biomasse peuvent constituer la principale source de rejets de particules dans l’air. Même si la composition en polluants atmosphériques des fumées provenant de la combustion de bois varie de façon qualitative et quantitative en fonction de divers facteurs tels que la qualité et la quantité de combustible brûlé (essence du bois...), son taux d’humidité et les conditions de combustion, il est possible de lister un certain nombre de polluants ou familles de polluants globalement présents dans ces émissions.

Il est à noter que si les polluants émis dans l’air extérieur par la combustion du bois sont relativement bien connus, les connaissances sont plus partielles concernant l’air intérieur.
Outre des particules (notamment fines et ultrafines, donc des particules facilement transportables sur de longues distances pouvant atteindre plusieurs centaines de kilomètres) et des composés de particules tels que le carbone suie (« black carbone ») et le carbone organique, la combustion de biomasse (bois…) entraîne l’émission de divers gaz à potentiel toxique pour la santé humaine dans l’air extérieur et qui sont notamment, comme indiqué par l’OMS et l’ANSES[5] :


• le monoxyde de carbone (CO) ;
• les oxydes d’azote (NOx) ;
• des composés organiques volatils (benzène, formaldéhyde, acroléine…) ;
• des hydrocarbures aromatiques polycycliques (aldéhydes, phénols…) ;
• des éléments métalliques (mercure, arsenic, plomb…) ;
• des dioxines et furanes[6].

 

Selon l’OMS[7], les particules provenant de la combustion de bois sont associées à une exacerbation de pathologies respiratoires, en particulier l’asthme et la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), de bronchite et d’otite moyenne. Selon une revue récente de la littérature, il n’y a pas de raison de considérer les particules issues de la combustion de biomasse comme moins néfastes pour la santé que celles d’autres sources de pollution urbaines, mais il y a cependant peu d’études sur les effets cardiovasculaires de ces particules.
Les effets sanitaires à court et à long termes pouvant être associés aux émissions du chauffage résidentiel au bois ou au charbon, ou aux émissions de la combustion de végétaux à l’air libre (incendies de forêts, brûlages de déchets verts à l’air libre…), sont ceux associés aux expositions aux différents polluants émis et notamment aux particules (voir la réponse à la question « Quels sont les polluants de l’air les plus néfastes pour la santé ? »).
Dans son rapport de 2015 susmentionné, l’OMS indique que bien qu’il y ait relativement peu d’études épidémiologiques sur les effets sanitaires des émissions du chauffage résidentiel, en particulier dans les pays développés, il existe des preuves établissant un lien entre la combustion de bois et certains symptômes respiratoires.

 

[1] - Rapport de l’OMS-Europe (2015). Residential heating with wood and coal: health impacts and policy options in Europe and North America. 49 pages. Cf. http://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0009/271836/ResidentialHeatingWoodCoalHealthImpacts.pdf
[2] - Il est à noter que dans de nombreux pays en développement, c’est la combustion de biomasse (bois…) utilisée non pour le chauffage mais pour la cuisine, qui constitue une importante source de pollution de l’air intérieur.
[3] - Rapport national d’inventaire des émissions de polluants atmosphériques et de gaz à effets de serre en France (CITEPA, avril 2015). Cf. http://www.citepa.org/images/III-1_Rapports_Inventaires/secten_avril2015_sec.pdf
[4] - Cf rapport du CITEPA susmentionné.
[5] - Avis et rapport de l’ANSES (2011). Etat des connaissances relatif aux incendies de végétation, aux brûlages agricoles, et aux brûlages des déchets verts de jardin. Cf. https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2010sa0183Ra.pdf
[6] - Polychlorodibenzo-dioxines (PCDD) et polychlorodibenzo-furanes (PCDF).

[7] - Polychlorodibenzo-dioxines (PCDD) et polychlorodibenzo-furanes (PCDF).

 

Source : DGS - Questions/Réponses "Air extérieur et santé" - Avril 2016

 

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