Quel est l’impact sanitaire de la pollution de l’air ? Quels sont les impacts économiques associés ?

Si les risques individuels associés à l’exposition à la pollution atmosphérique peuvent paraître faibles, par comparaison à des facteurs de risque tels que le tabac, l’impact sanitaire[1] de cette pollution est considérable compte tenu du nombre très important de personnes concernées.

Ainsi, selon l’OMS, la pollution de l’air est le principal risque environnemental pour la santé dans le monde[2]. L’exposition à la pollution de l’air extérieur et intérieur conduit chaque année au décès prématuré d’environ 7 millions de personnes dans le monde (3,7 millions du fait de la pollution de l’air extérieur et 4,3 millions du fait de la pollution de l’air intérieur). Ce sont les pays à revenu faible ou intermédiaire des régions de l’Asie du sud-est et du Pacifique occidental qui enregistrent la charge la plus lourde liée à la pollution de l’air (avec un total de 2,6 millions de décès prématurés liés à la pollution extérieure et 3,3 millions de décès prématurés liés à la pollution
intérieure générée notamment lors de la combustion de bois, de charbon ou d’autres combustibles utilisés
pour la cuisson des aliments).
Dans la zone Europe de l’OMS (53 pays), il est estimé qu’environ 600 000 décès par an sont liés à la pollution de l’air (482 000 sont dus à la pollution de l’air extérieur et 117 200 à la pollution de l’air intérieur)[3]. Selon une étude[4] publiée en 2015 par l’OMS et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le coût économique de ces 600 000 décès prématurés ainsi que des maladies provoqués par la pollution de l’air extérieur et intérieur dans la zone Europe de l’OMS atteignait, en 2010, 1,6 billion (ou 1 600 milliards) de dollars américains. Par ailleurs, l’OMS[5] a récemment réalisé une évaluation de la qualité de l’air extérieur dans 1 600 villes de 91 pays à travers le monde et constate que seulement 12% de la population totale de ces ensembles urbains respirent un air conforme aux valeurs guides de l’OMS (présentées ci-après).


En France, il est estimé que la pollution par les particules fines (PM2.5) émises par les activités humaines est à l’origine chaque année de l’ordre de 20 000 à 40 000 décès prématurés[6][7]. Dans le cadre du projet européen APHEKOM[8], l’Institut de veille sanitaire (InVS) a évalué que si les concentrations moyennes en particules fines PM2.5 dans 9 grandes villes françaises[9] respectaient la valeur guide de l’OMS[10], de l’ordre de 2 900 décès prématurés pourraient être évités chaque année, ce qui représente un gain moyen d’espérance de vie allant de 3,6 à 7,5 mois selon la ville et une réduction des coûts de santé d’environ 5 milliards d’euros/an  globalement pour ces 9 villes françaises. Pour les neuf agglomérations suivies dans le projet APHEKOM, le respect des valeurs guide de l’OMS aurait conduit : d’une part, pour les niveaux d’ozone, à différer 69 décès/an et à éviter 62 hospitalisations respiratoires et, d’autre part, pour les niveaux de particules PM10, à différer plus de 245 décès/an et à éviter 360 hospitalisations/an pour causes cardiaques et 673/an pour causes respiratoires. A l’échelle du territoire français pris dans son ensemble, il est estimé que les coûts globaux de santé de la pollution atmosphérique sont de l’ordre de 20-30 milliards d’euros par an[11] (dont près de 1 milliard d’euros  directement supporté par le système de soin[12]).

 

[1] - L’impact sanitaire désigne le nombre de cas, en termes de mortalité ou de morbidité, attribuables à un facteur donné.
[2] - Cf. http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2014/air-pollution/fr/

[3] - Cf. http://www.euro.who.int/fr/health-topics/environment-and-health/air-quality/news/news/2014/03/almost-600-000-deaths-due-to-air-pollution-in-europe-new-who-global-report
[4] - Cf. http://www.euro.who.int/en/health-topics/environment-and-health/air-quality/publications/2015/economic-cost-of-thehealth-impact-of-air-pollution-in-europe
[5] - Cf. http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2014/air-quality/fr/
[6] - Kunzli N., Kaiser R., Medina S., Studnicka M., Chanel O., Filliger P., Herry M., (...), Sommer H. (2000). Public-health impact of outdoor and traffic-related air pollution: A European assessment. The Lancet, 356 (9232) , pp. 795-801.
[7] - International Institute for Applied Systems Analysis (IIASA) (2005). Scenarios for the Clean Air for Europe (CAFE) Programme.
[8] - Cf. http://www.aphekom.org
[9] - Ces 9 villes sont Bordeaux, Le Havre, Lille, Lyon, Marseille, Paris, Rouen, Strasbourg et Toulouse, et totalisent environ 12 millions d’habitants.
[10] - Valeur guide en particules PM2.5 recommandée par l’OMS en moyenne annuelle : 10 microgrammes/m3.
[11] - Source : http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/LPS175-2.pdf
[12] - Source : http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/LPS176.pdf

 

Source : DGS - Questions/Réponses "Air extérieur et santé" - avril 2016

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