Est-ce que l’amélioration de la qualité de l’air se traduit réellement par une amélioration en termes de santé ?

Plusieurs études épidémiologiques ont analysé les bénéfices en termes d’impacts sanitaires pouvant être observés lorsque les niveaux de pollution diminuent. Ces études, dites d’intervention, ont confirmé que des bénéfices sanitaires étaient bien observés dans la réalité quand la qualité de l’air s’améliore[1].

Ainsi, par exemple, l’interdiction par le gouvernement irlandais de la vente de charbons bitumineux à Dublin en 1990 a provoqué une diminution nette des concentrations de particules, associée à une baisse de plus de 6% de la mortalité totale dans les 6 années suivant l’intervention. La diminution des concentrations en particules fines (PM2.5) aux États-Unis entre le début des années 1980 et le début des années 2000 s’est accompagnée d’une amélioration de l’espérance de vie, avec un gain de plus de 7 mois d’espérance de vie suite à l’abaissement des concentrations atmosphériques en particules PM2.5 de 10 μg/m3, ce qui représentait au total 15% de l’amélioration de l’espérance de vie pendant cette période. L’amélioration de la qualité de l’air aux Etats-Unis s’est également accompagnée d’une amélioration de la santé respiratoire des enfants[2]. Le projet Aphekom a étudié, pour 20 villes européennes, les effets de la législation de l’Union européenne portant sur la réduction de la teneur en soufre des carburants et a estimé que la réduction conséquente des concentrations atmosphériques en dioxyde de soufre (SO2) observée suite à cette mesure a permis d’éviter quelques milliers de décès prématurés[3],[4].

Ces quelques exemples illustrent l’importance des bénéfices sanitaires observés lorsque la qualité de l’air s’améliore.

Il faut noter que, compte tenu de la formation dans l’atmosphère de polluants dits secondaires (particules secondaires…) à partir des réactions chimiques se produisant entre les divers composés de l’air, la réduction des émissions de polluants en agissant sur les sources d’émission (transports, chauffage, agriculture…) n’entraîne pas de réduction automatique et proportionnelle des concentrations atmosphériques en polluants. Ainsi, lorsque des actions sont prises pour diminuer les émissions, les impacts sur la qualité de l’air et sur la santé ne sont pas forcément immédiats mais c’est néanmoins le principal levier pour améliorer la qualité de l’air. D’où la nécessité de réduire efficacement et durablement les émissions de polluants.

 

[1] - Cf. http://www.aphekom.org et http://www.invs.sante.fr/Publications-et-outils/BEH-Bulletin-epidemiologique-hebdomadaire/Archives/2013/BEH-n-1-2-2013
[2] - Gauderman et al. Association of Improved Air Quality with Lung Development in Children. N Engl J Med. 2015. Volume 372(10):905-913
[3] - On parle de décès prématuré car l’exposition à la pollution de l’air écourte la vie ; voir notamment : http://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=357
[4] - Le Tertre A, Henschel S, Atkinson RW, Analitis A, Zeka A, Katsouyanni K, et al. Impact of legislative changes to reduce the sulphur content in fuels in Europe on daily mortality in 20 European cities: an analysis of data from the Aphekom project. Air Qual Atmos Health 2014;(1):83-91

 

 

Source : DGS - Questions/Réponses "Air extérieur et santé" - Avril 2016

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