Existe-t-il une surveillance sanitaire liée à la pollution de l’air ?

En France, la surveillance des effets sur la santé de la pollution de l’air est assurée en continu par l’Institut de veille sanitaire (InVS), établissement public placé sous la tutelle du ministère chargé de la santé. Cette surveillance repose principalement sur le programme de Surveillance Air et santé[1] mis en place en 1997.

Le programme de surveillance Air et santé s’appuie actuellement sur un réseau de 19 villes[2]. Il a pour objectif de surveiller et caractériser les effets à court et long termes de la pollution atmosphérique par des analyses rétrospectives fondées sur des méthodes permettant de contrôler les facteurs de confusion potentiels. Il réalise également des évaluations quantitatives d’impact sanitaire de la pollution atmosphérique, à l’échelle nationale et locale, qui permettent, en outre, de simuler l’effet de nouveaux aménagements ou d’actions de réduction des émissions et de guider ainsi le choix des décideurs.


La surveillance des effets à court terme repose sur la méthode des analyses en séries temporelles qui permet d’établir une relation statistique entre les niveaux de pollution au jour le jour et des indicateurs sanitaires tout en contrôlant les effets des facteurs de confusion potentiels (variations saisonnières de la mortalité, paramètres météorologiques…). La répétition de ces études sur plusieurs villes et sur de longues périodes permet de garantir la robustesse des résultats.
La surveillance des effets à long terme de la pollution s’appuie sur des études longitudinales ou de cohorte.

 

Actuellement, le programme de surveillance piloté par l’InVS exploite les données de la cohorte Gazel afin de mieux caractériser la relation entre l’exposition chronique à la pollution atmosphérique (particules fines, ozone et dioxyde d’azote) et la survenue d’événements de santé (mortalité et morbidité) en France métropolitaine. Cette étude repose sur un travail unique d’estimation rétrospective de l’exposition à la pollution de l’air de 20 625 travailleurs d’EDF-GDF entre 1990 et 2008, réalisée par les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air. Cette estimation permet de disposer de données fines d’exposition à la pollution atmosphérique[3].

L’InVS dispose également d’un système de surveillance syndromique, SurSaUD®, qui repose sur la collecte quotidienne de données de morbidité (passages dans les services d’urgence et activité des associations SOS médecins) et de mortalité en temps quasi réel (jour+1), permettant une description d’un grand nombre d’indicateurs sanitaires, qui apportent une vision de l’état de santé de la population française tout au long de l’année, et qui plus est lors de la survenue de tout type d’évènements. Si le système SurSaUD® peut être utilisé pour décrire l’état de santé d’une population lors d’un épisode de pollution de l’air, il faut cependant souligner qu’aux concentrations de polluants observées en France, y compris pendant des épisodes de pollution, il ne permet pas d’attribuer les variations observées à la pollution atmosphérique. En effet, si on ne constate pas de variations dans les indicateurs de surveillance syndromique au cours d’un épisode de pollution, cela ne signifie pas que cet épisode de pollution n’a pas eu d’impact sur la santé de la population.
Il peut y avoir :
• un impact sur la population, dont les effets ne nécessitent pas un recours aux structures alimentant en données les systèmes de surveillance existants ;
• un impact sur l’activité hospitalière d’urgence de cet épisode indécelable au décours de l’épisode même, car le signal est trop faible pour émerger significativement du « bruit de fond » (des variations d’activité d’urgence liées au hasard). C’est le cas général en France, mais cette approche peut être intéressante dans des mégapoles asiatiques dix fois plus exposées à la pollution. En France, la mise en évidence de cet impact requiert la mise en oeuvre d’analyses rétrospectives sur plusieurs années fondées sur des méthodes permettant de contrôler les facteurs de confusion potentiels ;
• un impact à moyen et long terme de cet épisode, pas encore observable au moment de l’épisode ou dans les jours qui suivent.
Au contraire, d’éventuelles augmentations observées dans les indicateurs de surveillance syndromique au cours d’un épisode de pollution atmosphérique ne peuvent être interprétées de façon univoque comme un effet de la pollution à cause du caractère non spécifique des effets observés (c’est-à-dire qui peuvent être causés par d’autres facteurs, comme la situation pollinique ou les épidémies infectieuses).

 

[1] - Cf. Dossier thématique Air et santé de l’InVS : http://www.invs.sante.fr/Dossiers-thematiques/Environnement-et-sante/Airet-sante/
[2] - Bordeaux, Dijon, Grenoble, Lens-Douai, Le Havre, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nancy, Nantes, Nice, Paris, Rennes, Rouen, Strasbourg, Toulouse, Fort-de-France, St-Denis de la Réunion
[3] - Cf. Bentayeb M. et al (2015). Association between long-termexposure to air pollution and mortality in France: A 25-year follow-up study : http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412015300349

 

 


Source : DGS - Questions/Réponses "Air extérieur et santé" - avril 2016

 

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