Les produits phytosanitaires et la qualité de l’air

 

Lig’Air surveille ces polluants dans l’air pour mieux évaluer l’exposition des populations

 

La France est le 1er pays européen consommateur de produits phytosanitaires (ou pesticides) en raison notamment d’une surface agricole importante (près de la moitié du territoire national) et le 3ème au niveau mondial.

Le potentiel agricole de la région Centre-Val de Loire avec 2,4 millions d’hectares de surface agricole utile (SAU) (62% de la superficie totale) s’accompagne nécessairement de l’utilisation de pesticides.

Une partie de ces produits sont retrouvés dans l’environnement : dans le sol, dans l’eau mais également dans l’atmosphère.

Une expertise collaborative récente coordonnée par l’INSERM[1] fait état des liens de cause à effet entre la survenue de certaines maladies (tumeurs et maladies neurodégénératives notamment) et l’exposition à ces produits. Un plan ECOPHYTO a été mis en place pour réduire l’usage des pesticides en France.

Un constat qui souligne un enjeu majeur de santé publique : réduire l’exposition de la population aux pesticides.

Dans le cadre des Programmes Régionaux Santé-Environnement (PRSE) en Centre-Val de Loire, Lig’Air, l’association régionale de surveillance de la qualité de l’air, mène un programme de surveillance destiné à mesurer la quantité de pesticides se trouvant dans l’atmosphère. L’objectif de ces études est d’estimer l’exposition des habitants de la région Centre-Val de Loire à ces substances. Les données de Lig’Air viendront ainsi renseigner les travaux portant sur les effets sur la santé des pesticides.

 

La voie d’exposition aérienne encore peu connue et non réglementée

 

Alors que l’exposition des populations aux pesticides par voie alimentaire est aujourd’hui bien documentée, celle par voie aérienne reste peu connue et ne fait l’objet d’aucune réglementation.

Pourtant, lors d’un épandage par pulvérisation, 30 à 50% des pesticides se perdraient dans l’atmosphère[2].

Ainsi, transportés par les masses d’air, les pesticides se retrouvent dans l’atmosphère aussi bien à la campagne qu’en ville.

 

Évaluer l’exposition des habitants du Centre-Val de Loire aux pesticides présents dans l’air

 

En réponse à une demande sociétale exprimée dans le PRSQA[3] et le SRCAE[4], Lig’Air mène depuis le début des années 2000, un programme de surveillance des produits phytosanitaires dans l’air, afin d’identifier les pesticides respirés par la population. En région Centre-Val de Loire, la surveillance des produits phytosanitaires dans l’air reste une priorité. La poursuite de campagnes de mesures principalement en période d’épandage est incontournable.

Après une première phase de mise au point d’une méthodologie de prélèvement et d’analyse, les premières études ont permis de déterminer leur comportement dans l’atmosphère et notamment la saisonnalité.

A la suite de cette première phase et dans le cadre d’une stratégie de surveillance à plus longue échelle, Lig’Air a réalisé à partir de 2006, chaque année une campagne de surveillance des pesticides en région Centre-Val de Loire sur plusieurs sites de typologie différente.

 

 

La surveillance des pesticides, qui porte sur 60 à 90 substances environ par an, est conduite dans le cadre du PRSE avec l’appui de partenaires locaux (ARS[5], DREAL[6], Conseil Régional, les Communautés d’agglomération de Tours et d’Orléans). Outre la réponse à la demande sociétale, les résultats de mesures alimentent les plans PRSE et Ecophyto au niveau régional, et à l’échelle nationale, le dispositif phytopharmacovigilance ainsi que les travaux de l’Anses sur les recommandations de surveillance et les tests sur les nouveaux indicateurs menés par l’INERIS[7].

 

Lig’Air est l’une des premières AASQA[8] ayant travaillé sur la présence et le suivi des produits phytosanitaires dans l’air avec, en particulier, la mise en place d’une surveillance et la création de l’Indice phyto.

 

Au plan national, la préoccupation est grandissante. Ainsi une démarche de structuration d’un observatoire des pesticides est inscrite au PNSQA3 et des travaux sur des recommandations de surveillance et l’établissement d’une liste prioritaire de pesticides à mesurer ont été confiés à l’ANSES[9]. L’ANSES s’est également dotée du dispositif de phytopharmacovigilance PPV pour surveiller les effets indésirables des produits phytopharmaceutiques sur l’homme, la faune, la flore et l’environnement (en partenariat avec les AASQA).   

 

Les travaux régionaux à venir

 

  •       Participer aux travaux nationaux sur l’évolution des normes spécifiques au prélèvement et à l’analyse des pesticides dans l’air.
  •     Collaboration aux développements méthodologiques de calcul des émissions et de modélisation des pesticides dans l’air avec d’autres AASQA : à terme, le croisement des mesures et des résultats de l’inventaire des émissions de phytosanitaires permettront d’utiliser la modélisation afin d’estimer les concentrations dans des zones non surveillées et de fournir éventuellement des prévisions.
  •     Caractérisation et étude des comportements atmosphériques des adjuvants et coformulants : ces composés sont épandus en même temps que les substances actives et peuvent avoir aussi des impacts sanitaires et environnementaux. Une étude leur sera consacrée.
  •    Participer à l’étude REPP’AIR (Réduction des Produits Phytosanitaires dans l’Air) : RePP’Air vise à mettre en relation les mesures de produits phytosanitaires avec les pratiques des agriculteurs, développer un indicateur de risque de transfert dans l’air selon les pratiques mises en œuvre, et développer une stratégie de sensibilisation et de communication sur la thématique auprès d’un large public : des professionnels agricoles au grand public.

 

Les études publiées sur www.ligair.fr

 

8 sites (agricoles et urbains) ont fait l’objet de campagnes de mesure depuis 2006.

Tous les rapports annuels liés à ces campagnes de mesure sont disponibles sur le site Internet de Lig’Air.

Des bilans synthétiques sont édités périodiquement dans les lettres trimestrielles d’information de Lig’Air.

En 2008, Lig’Air a participé à l’étude PUFFIN2 (Particules UltraFines et FINes 2) qui consistait en l’étude physico-chimique d’aérosols urbains et ruraux et les effets sur des cellules respiratoires épithéliales et endothéliales à Oysonville (site rural en Eure-et-Loir) : par exemple, le profil granulométrique des particules urbaines se distingue-t-il de celui des particules rurales impactées par des produits phytosanitaires ?

 

La diffusion des données : base nationale phytatmo

Les Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) réalisent, depuis 2002, des mesures de pesticides dans l’air en fonction des ressources locales et des soutiens financiers mis à leur disposition. Elles améliorent ainsi les connaissances tout en répondant aux attentes sociétales croissantes sur le sujet. Les résultats et les rapports en découlant ont été communiqués par chacune de ces associations sur leurs sites internet. Ils ont également été progressivement regroupés, pour en faciliter la manipulation et l’interprétation, au sein d’une base de données de travail commune à l’ensemble de nos structures : la base PhytAtmo, pilotée par la Fédération Atmo France.

Cette base est ouverte aux parties prenantes et au public. 

La base Phytatmo compile les mesures en pesticides dans l’air ambiant des AASQA sur la période 2002-2020 avec 321 substances actives recherchées et 6837 prélèvements effectuées sur 176 sites sous format excel

 

>> Cliquez ici pour accéder à la base PhytAtmo ou sur Data.gouv

 

 

A propos de Lig’Air :

Lig’Air est l’association de surveillance de la qualité de l’air en région Centre-Val de Loire agréée par le Ministère de l’Ecologie pour la surveillance et l’information sur la qualité de l’air.

Ses principales missions sont d’évaluer et d’informer sur la qualité de l’air de la région Centre-Val de Loire, d’améliorer les connaissances sur les phénomènes liés à la pollution atmosphérique et d’accompagner les décideurs dans l’élaboration et le suivi des plans d’actions visant à améliorer la qualité de l’air.

Sa constitution quadripartite (Etat, collectivités territoriales, représentants des activités économiques, monde associatif et personnalités qualifiées) garantit son indépendance et la transparence de l’information délivrée sur www.ligair.fr.



[1] INSERM. (Institut national de la santé et de la recherche médicale) Pesticides Effets sur la santé. Expertise collective. Juin 2013

[2] Expertise collective IRSTEA (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture) – INRA (Institut national de recherche agronomique). 2005

[3] PRSQA/PNSQA : Programme Régional/National de Surveillance de la Qualité de l’Air

[4] SRCAE : Schéma Régional Climat-Air-Energie

[5] ARS : Agence Régionale de Santé

[6] DREAL : Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement

[7] INERIS : Institut national de l'environnement industriel et des risques

[8] AASQA : association agréée de surveillance de la qualité de l’air

[9] ANSES : Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail